28 Février 1458 : Funérailles de Louis-Hubert d'Harlegnan

Qu'on ne vienne pas lui annoncer que les paroissiens présents en cette Cathédrale ont peur de discourir devant une foule attristée, car un argumentaire de la sorte venant de grands du Royaume ne serait qu'une honte pour les charges qu'ils occupent. Devant la léthargie qui venait de s'abattre sur cette nef, le Vicaire décida de poursuivre la cérémonie, et de ne pas laisser le défunt pourrir une éternité hors de son caveau.

Ce fut donc d'une voix forte qu'il se fit entendre :

Avant de quitter cette Cathédrale, adressons un dernier adieu à notre frère, Louis Hubert. Avec respect et affection, confions-le à Dieu dans l'espérance de nous retrouver un jour auprès de Lui.

Ses mains en prière, il laissa passer quelques minutes de silence, puis reprit d'une parole similaire à la précédente :

Ô Père de tous les hommes, nous T'adressons nos prières pour celui que nous aimons et qui nous a quitté. Accorde-lui la paix, dans Ta sagesse aimante et dans Ta toute-puissance ; accomplis en lui ce que la volonté de Ta perfection a désiré.

Accorde-lui le repos éternel, Ô Seigneur, et que la lumière perpétuelle brille sur lui. Amen.

Louis-Hubert serait sûrement enfermé dans la crypte de la Cathédrale, mais aucunement pour le moment. Celle-ci étant interdite aux fidèles aux jours quotidiens, Thibaud se devait de rendre la dépouille à la terre et d'effectuer son office comme on le lui demandait. Il verrait plus tard avec Rosa, si elle souhaiterait le déplacer. Signe aux porteurs de fermer le couvercle, il invita les fidèles à suivre le cercueil jusqu'à son lieu de repos provisoire. Encensoir à la main, et durant la procession, sa voix retentit à chaque envolée de l'objet.

En signe de respect pour Louis-Hubert, notre frère, que cet encens entoure son corps et monte devant Dieu avec notre prière. Que cet encens, qui nous guide, nous, jusqu'au cimetière, le guide, lui, jusqu'au Père de l'Humanité. Amen.

Après quelques minutes, ils arrivèrent à bonne destination.Thibaud fit signe aux porteurs de poser le cercueil juste à côté d'une sorte de caveau. Les fidèles entourèrent celui-ci.

Le moment est venu de dire « à Dieu » à Louis Hubert. Nous avons la conviction que tout ce que nous avons vécu avec lui ne peut mourir. Ne nous quittons pas sans espoir : Christos à vécu nostre vie d'Homme et son sacrifice nous rappelle que l'amour est plus fort que la mort. Aujourd'hui, nous nous sommes retrouvés pour un dernier au revoir ; un jour, nous nous retrouverons pour l'éternité. Que cette espérance nourrisse notre prière.

Recueillons-nous en pensant à tout ce que nous avons vécu avec Louis-Hubert, à ce qu'il est pour nous, à ce qu'il est pour Dieu.

Durant le recueillement, l'ambiance était sereine. Thibaud prit l'eau bénite que lui confiait son enfant de chœur. Un signe fut émis en direction du fossoyeur pour que le cercueil soit enfoui progressivement dans sa nouvelle demeure. Le Vicaire aspergea la boîte tout en disant :

Cette eau, souvenir de ton baptême,
nous rappelle que Dieu a fait de toi Son enfant.
Qu'Il te reçoive aujourd'hui dans Sa Paix !

On pouvait à présent jeter de la terre ou des fleurs et adresser ses condoléances à la famille. Thibaud invita les fidèles à effectuer ces actions.

L'office était à présent terminé et c'est le pas lent et lourd que Rosa suivit le cercueil de son époux, Balthasar lui donnant la main. Ils accompagnaient leur mari et père dans sa dernière demeure. Le Cerf ne saurait jamais qu'il l'avait laissée enceinte, cadeau d'adieux, ultime témoignage de son amour pour elle. Elle tiendrait bon, pour elle, pour son fils, pour l'enfant à venir.

Arrivés devant la tombe provisoire, elle lança une poignée de terre ainsi qu'une rose sur le cercueil. Elle invita Balthasar à en faire autant.

Suivie de près par la famille, les vassaux, les amis, ils défilèrent, un à un pour ces derniers adieux.

Elle ferait ensuite déplacer le corps dans la crypte de la Cathédrale, dans le caveau familial, dans la plus stricte intimité.

C'est terminé. Moonflower regarde Rosa et Balthazart main dans la main suivre le cercueil.
Quel crève-coeur...
Inconsciemment, elle passe une main sur son ventre.
Elle prierait, ce soir, de toute son âme, pour qu'il n'arrive jamais rien de semblable à Ica. Même s'il lui laissait une partie de lui, jamais elle n'aurait la force de le supporter.

La cérémonie est terminée, LH repose désormais en paix... Joie passe devant le cercueil… Elle se baisse, prend une petite poignée de terre se relève et lance cette terre fine des Flandres sur le cercueil...

Elle ferme quelques secondes les yeux et se met à penser très fort à LH... Dernier souvenir qui resurgit... L'angoisse de l'adieu, elle a horreur des adieux, de penser qu'elle ne le reverra plus ça la rend très triste...

Elle ouvre doucement les yeux, marche en direction de Rosa, regarde le petit garçon, son fils qui ne verra plus son papa... Les mots ne lui viennent pas, elle pose sa main sur l'épaule de Rosa, son autre main sur le visage du petit Balthasar et leur dit très doucement... Il repose en paix, paix à son âme...

Elle embrasse tendrement Balthasar sur la joue, recule de quelques pas, se tourne et part tête basse...

La Blonde salue les personnes venues rendre un dernier hommage. Joie s'approche et adresse quelques paroles à la veuve... Elle opine du chef, la remerciant d'un regard reconnaissant.

Quelques personnes adressèrent leurs condoléances à la veuve éplorée. Thibaud décida d'attendre encore quelques instants, avant d'aller à son tour la consoler avec des mots réconfortants.

Un voyage éprouvant , semé d'embuches , des brigands dans toutes les forêts et des douaniers intransigeant à toutes les frontiéres.
AU moins avec les brigands c'etait rapide , on leur jeté une bourse et certains etaient mêmes assez aimables pour vous indiquer le chemin.
Avec les douaniers pas moyen de transiger avec leur foutu réglement qu'ils appliquaient scrupuleusement.
Elle en avait menacé quelques uns , avait essayé de soudoyer les autres . QUelquefois cela avait fonctionné , d'autres fois elle avait frolé le procés pour corruption de fonctionnaires.
comment aurait elle pu imaginer qu'il restait encore des hommes que l'on n'achetait pas ?
La plupart du temps , elle se contentait de les regarder de haut , en leur disant d'une voix tellement glaciale que les pauvres avaient du sentir leurs os se cristaliser :
"Ignores tu à qui tu t'adresses maraud ? Je suis LA Duchesse d'Harlegnan et je te ferais bastonner , ecorcher vif et pendre à la plus haute branche du gibet si tu ne me laisses pas passer"

Certains l'avaient laissé passer et elle avait gagné un peu de temps en évitant la paperasse.
D'autres non , obtus et bornés , ils voulaient le laisser passer ........... qu'elle n'avait pas , bien sur .
Depuis quand un noble devait s'abaisser à demander un bout de papier pour rejoindre ses terres ?

Elle arriva en Flandres fourbue . C'est qu'elle n'avait plus 20 ans et lors de ces longs voyages , son dos se rappelait à son bon souvenir en la faisant souffrir.

Elle esperait pouvoir encore assister aux funérailles mais elle ne se faisait pas d'illusions , la cérémonie devait être terminée .
Elle prierais sur la tombe de Louis hubert et presenterais à Rosa ses sincéres condoléances mais elle aurait préféré arriver à l'heure.

Le carosse s'arreta devant la cathedrale Saint-Sauveur et elle descendit . L'air sentait les Flandres!!!!
Elle n'aurait su exprimer ce qu'elle ressentais mais elle était grisée par cet air ....... qui puait , il fallait bien l'avouer .
Il devait surement y avoir une tannerie dans le coin.

Elle poussa la porte de la cathedrale. Comme elle le craignait la cérémonie etait terminée.
Elle apperçut le cerceuil et Rosa qui acceptait les condoleances.

Elle resta immobile un instant , comme tétanisée . Bien sur , elle savait que Louis Hubert etait mort , mais de voir son cerceuil lui faisait prendre consciencede la dure réalité des faits et de son caractére définitif.

Elle s'approcha de Rosa.

Chére cousine , je vous prie de bien vouloir excuser mon retard ..... Le Béarn est si éloigné des Flandres et les douaniers si intransigeants .... Elle se donna une giffle mentale , elle n'allait tout de meme pas ennuyer Rosa dans un tel moment avec ses soucis d'intendance!!!
Elle hesita à la prendre dans ses bras et à la serrer contre elle , cela faisait si longtemps qu'elles ne s'etaient vues .

C'est un grand malheur qui vous touche , je compatis et vous présente mes plus sincéres condoleances.

Aéliana attendait patiemment que Sa Dame fasse signe de présenter les condoléances.
Elle aperçut une personne entrée entrer, fatiguée, épuisée.. Mais... Mais... oui... Est -possible ?
C'était la Duchesse !
La belle sœur de la comtesse de Hazebrouck.

Quelle surprise !

Elle s'avança vers sa Dame et dans un murmure signala :
Ma Dame, la sœur de sa Grandeur, Votre époux est présente...

A la grande surprise de Rosa, sa cousine Telya était là et vint lui présenter ses condoléances.

Chère Telya, je suis tellement ravie de vous revoir. Merci d'avoir fait le déplacement, j'apprécie beaucoup ce geste.

Elle prit son fils par la main pour le présenter.

Telya, je vous présente Balthasar Maximilien Kremroat d'Harlegnan, notre fils.

Et voilà... L'enterrement touchait à sa fin. On menait l'ancien Comte de Flandres vers sa dernière demeure... ou peut-être pas. Suivre sa veuve et son jeune fils était un déchirement. Le pauvre enfant ne connaitrait jamais son père... Pauvre garçon...

Le cortège emmena la dépouille du Cerf vers le lieu de la mise en terre. Krystel passa devant la fosse, creusée pour l'occasion et dans laquelle le cercueil était déposé. Elle marmonna quelques mots d'adieux :

Adieu, Louis-Hubert. Que votre route vous mène vers le Paradis Solaire.

Elle se baissa, prit une poignée de terre et la jeta sur le cercueil. Elle s'approcha ensuite de la veuve et voulut lui marmonner quelques mots de condoléances. Mais une belle dame était avec elle, et visiblement, elle se connaissait. Qu'importait ! Krystel attendrait pour présenter ses condoléances à Rosa et à son fils.

Il était temps pour l'homme de Dieu de présenter ses condoléances à Rosa. Après une cérémonie orchestrée sans aucun incident particulier, il espérait grandement à ce que ces funérailles aient été à la hauteur pour une aussi grande personnalité. Le défunt n'était pas une tierce personne, c'était un homme de grande envergure, et pour Thibaud, ce fut une joie de pouvoir accompagner cette figure imposante jusqu'au Royaume du Créateur.

Dés lors où la Vicomtesse eut quelques secondes de libre, le prêtre s'avança à pas feutrés, les mains rejointes entre elles, cachées par les manches de son habit liturgique. Arrivé devant elle, il inclina légèrement la teste.

Vicomtesse, il est des chagrins bien difficiles à surmonter quand disparaît un être cher. Mais quand la peine s’atténuera, il restera les plus beaux souvenirs.

Permettez-nous de vous apporter toute nostre amitié dans ces moments difficiles, et de vous offrir nos plus sincères condoléances. Sachez que si vous avez besoin de quoique ce soit, nostre porte vous sera toujours ouverte. Le Vicomte repose à présent auprès du Seigneur, et vostre fils a besoin de vous. Qu'il soit fier de son père !

Une légère pression sur l'épaule de Rosa, puis un sourire réconfortant. L'un de ses enfants de chœur vint avec un certificat rempli auparavant par ses soins. Le clerc apposa sa signature à celui-ci, et le tendit à la veuve.

Citation :

28 Février 1458 : Funérailles de Louis-Hubert d'Harlegnan - Page 4 Malines2

Faict le 28 Février de l'An de Grasce 1458,
A Brugge,

Certificat de Décès

Louis-Hubert d'Harlegnan

Pax Domini sit semper vobiscum,

Ad perpetuam rei memoriam,
Thibaud de Leibundguth
Vicaire Archidiocésain de Malines

» 24 Novembre 1456 : Mariage noble de Rosa et de Louis-Hubert